Rôles possibles

Pour fonctionner, un groupe a besoin que des fonctions soient remplies et différentes tâches accomplies. Souvent, celles-ci ne sont pas nommées et les participantes les prennent inconsciemment. Cette répartition aléatoire des rôles et de leurs charges mentales est régulièrement à l'origine de conflits. (Toujours les mêmes qui se chargent des rangements ou de tenir les agendas à jour, des fonctions non remplies qui causent des problèmes, un monopole de certaine tâches qui accordent beaucoup de pouvoir, etc.)

Il est donc important de rendre ces rôles visibles, de les répartir et de les faire circuler. Dans cet outil nous vous suggérons cinq rôles pour structurer des groupes, d'autres peuvent être créés selon les besoins pour autant que cela :

• aide le groupe à résoudre des problèmes auxquels il serait confronté

• valorise chacune en lui offrant l'occasion d'avoir un apport particulier, identifié et reconnu par le groupe

• que ces fonctions puissent idéalement tourner et aider chacune à prendre de la distance avec la manière habituelle qu'elle a d'être et de faire dans le groupe.

• Distribuer chaque rôle en début de séance

• Rappeler les différents rôles et leur mission

• S'assurer que le cadre (de la discussion, de la séance, ...) est tenu.

• Observer le contenu des discussions, maintenir la session centrée et la faire progresser.

• Faire le point sur l'avancement de la session, clarifier les positions et les préoccupations, rappeler les décisions prises.

• Organiser la parole, rester le plus neutre/objective possible sur le sujet, et stimuler l'intelligence du groupe.

• Pour plus de détails voir article théorique "La Facilitatrice"

• En collaboration avec la facilitatrice et le groupe, établir le programme et le noter clairement et visiblement.

• Évaluer si les sujets abordés ou activités avancent au rythme attendu, si ce n'est pas le cas, attirer l'attention du groupe sur ce point et éventuellement redéfinir le programme selon les besoins.

• Annoncer régulièrement, à voix haute, combien de temps est encore à disposition. Dans la mesure du possible, anticiper en gardant un œil sur l'heure et la progression des échanges (ne pas attendre les cinq dernières minutes pour signaler au groupe qu'il ne reste presque plus de temps).

• Si possible, au début, s'assurer que les espaces sont accessibles à l'heure prévue, avec le mobilier nécessaire, eau etc.

• En collaboration avec le groupe, établir les besoins et ressources à disposition en terme d'espace.

• Durant les pauses, veiller à ce que les espaces restent ouverts ou fermés selon les besoins du groupe.

• À la fin s'assurer que l'espace est remis en état. La veilleuse des espaces à la charge de s'assurer que les espaces soient fonctionnels en commençant et puis remis en état à la fin, mais elle n'a pas à le faire seule. Elle évalue le nombre de personnes nécessaires pour les tâches d'installation et de rangement et s'assure que les choses soient faites.

• Garder un œil sur l'état émotionnel du groupe (excitation, calme, tension, dissipation, fatigue, anxiété, etc.)

• En cas de besoin, suggérer des pauses, des temps calmes, des exercices pour dynamiser ou apaiser, ou des temps de paroles pour permettre l'expression des émotions des participantes.

• Être une personne ressource pour les autres, si elles ont besoin de soutien.

• Garder une trace de ce qui se passe et se dit en séance (sous forme de PV par exemple).

• En fin de séance, prendre note des tâches à faire et de qui s'en charge.

• Noter toutes les informations importantes pour la suite.

• S'assurer que les informations et notes de la séance soient accessibles à toute les personnes impliquées (surtout pour les absentes).

Ce rôle est extrêmement important, mais souvent invisible. La tâche de la prise de note implique une concentration, et celui de rassembler les informations et les rendre accessibles est une lourde charge mentale, notamment pour un groupe qui existe sur une longue durée. Il doit donc circuler d'autant plus souvent, parfois au sein d'une même séance. Dans les grands groupes, ou les groupes qui se retrouvent régulièrement, il peut-être utile de le dédoubler. Le rôle étant central, il comporte un risque notable d'épuisement et/ou de prise de pouvoir, veillez à ce que toutes les membres y contribue.

Ces rôles sont fortement inspiré de ceux que présente Starhawk dans Rêver l’obscur, Femmes, magie et politique (p. 186 et suite). Elle les suggère pour aider consciemment à changer les schémas, ou la structure sous-jacente du groupe. Elle propose d’attribuer ces fonctions en fonction de la place que chacune se sent avoir dans le cercle :

« La personne qui se sent la plus périphérique peut être choisie comme facilitatrice. On demande à la personne qui a tendance à monopoliser la parole de prendre des notes. La personne qui est la plus grincheuse et la plus irritée se voit attribuer le rôle de guetteuse d’ambiance. » (Ibid., p.189.)

Les rôles peuvent être pris pour une séance seulement, ou pour une plus longue durée. Il faut cependant les redistribuer régulièrement pour éviter qu'ils soient pris par habitude et de manière inconsciente, et ainsi créer des monopoles de pouvoir ou de l'épuisement. Il est également important de prendre des rôles dont on a peu l'habitude, car c'est en les pratiquant qu'on développe des compétences, ainsi que du lien avec le groupe et ses objectifs.

Il est essentiel de faire circuler les rôles pour éviter une cristallisation du pouvoir en place, voir à ce sujet le tableau les chef-fe-s : comment se débarasser.

L'autogestion et l'anarchie ne signifient pas qu'il n'y a pas besoin de structure. Lire à ce sujet le texte de Joe Freeman la tyrannie de l'absence de structure.