Ce protocole provient d’un modèle plutôt entrepreneurial, qui se travaille sous forme de papier (cf référence plus bas). Dans le protocole d’origine, une personne qui a vécu un échange difficile avec une supérieure, est invitée à noter le dialogue en question sur une grande feuille de papier, avec à gauche ses dires, à droite les dires de sa supérieure. A la gauche de cet échange, dans « la colonne de gauche », la personne doit noter tout ce qu’elle a pensé, senti, mais n’a pas osé dire – mais qui a eu une incidence sur tout ce qu’elle a dit. Le protocole propose ensuite de rejouer le dialogue (avec une collègue bienveillante) en intégrant ou en utilisant les éléments émotionnels. Notre version propose une version verbale, applicable en direct, qui dédramatise profondément.
Colonne de gauche
- Réparer le lien
- Apaiser
- (se) Déconstruire
- Empouvoirer
- Prendre soin
- Parler
Objectifs:
Alléger rapidement des tensions naissantes, diluer des interprétations biaisées de la réalité, démonter des inquiétudes, favorisant ainsi le sentiment de sécurité et de confiance dans un groupe.En cas de sentiment d'attaque, d'exclusion, de moquerie, ou de malaise, la Colonne de Gauche peut être invoquée.
Participantes:
VariableDurée:
Min 10'Matériel nécessaire:
AucunEspace requis:
Tout espace permettant au groupe de discuter.Prérequis:
Aucun
Genèse
Déroulement
Lorsqu'on discute, travaille, coopère : on dialogue. Ce dialogue est verbal, mais pas uniquement. Tout dialogue est nourri par des choses ressenties - déclenchées par le dialogue lui-même ou par d'autres choses. Toutes ces choses ressenties mais non-exprimées seraient comme une colonne de gauche, notées à côté du dialogue "audible".
Plutôt que de laisser ces choses non-dites, on peut invoquer le besoin de conscientiser et de verbaliser la colonne de gauche.
Une personne peut à tout moment dire "Colonne de Gauche".
Le groupe s'arrête, la personne exprime son inquiétude, son doute, sa perception.
Les autres participantes peuvent rassurer (ou non) la locutrice et mettre à plat la situation.
Exemple
"Lors d’une résidence de création en cerveau collectif, je me suis sentie complètement critiquée pour toutes les idées que je donnais. J’ai invoqué la colonne de gauche: “Au secours, j’ai une colonne de gauche: j’ai le sentiment que vous trouvez nul tout ce que je propose”. Tout le monde m’a rassurée, pas du tout, je paranoïais ".
Notes
Nous sommes toutes préoccupées par des peurs plus ou moins irrationnelles. Notamment en groupe, nous subissons et créons des pressions sociales complexes, souvent avec des effets dévastateurs.
La colonne de gauche permet de les mettre à plat, rapidement et facilement. Son usage met en avant le bien-être des membres du groupe et l'accueil de toute préoccupation qu’on pourrait juger mineure. Elle permet également de considérer, aussi longtemps qu’elle n’est pas invoquée, que tout va bien.
D’expérience, ce protocole mis en place crée une confiance profonde, apporte une bouffée d’air immédiate et ramène chaque membre du groupe à un même niveau humain.
Références
Ce protocole a été adapté à partir de celui du même nom dans : Béatrice Arnaud, Sylvie Cahn : La boîte à outil de l’intelligence collective, Editions Dunod, 2016.